L’IA au service des langues
Qui aurait cru que l’intelligence artificielle pourrait nous aider dans notre compréhension des langues étrangères ou qu’elle serait utile aux linguistes dans leurs recherches ? Pourtant, aujourd’hui, l’IA est d’une aide précieuse permettant de grandes avancées, allant jusqu’à aider à la protection des langues menacées d’oubli et de disparition. Mais dans quelle mesure est-elle utile ?
Commençons par définir ce qu’est l’IA. Pas loin de la conception science-fictionnelle qu’on a longtemps mise en avant au cinéma, l’IA regroupe l’ensemble des techniques permettant de fabriquer des machines capables de simuler les fonctions cognitives humaines. Un couple homme-machine permettant une optimisation des capacités humaines en s’aidant d’algorithmes, le virtuel venant au renfort du réel.
Le lien entre intelligence artificielle et linguistique n’est pas évident de prime abord. Pourtant, il y a plus d’un demi-siècle que les chercheurs se penchent dessus. En effet, l’ancêtre de Google traduction a été inventé en 1954 à l’université Georgetown de New York, permettant la traduction du russe vers l’anglais de façon complètement automatique. C’est a0lors que naît la discipline du TAL (Traitement Automatique des Langues) faisant le lien entre IA et linguistique et révélant que les programmes informatiques peuvent s’appliquer à tout aspect du langage humain. Celui-ci est utilisé pour créer ou modifier du contenu textuel (traduction, correction, reformulation…), pour extraire de l’information dans un texte ou encore pour traiter le signal (reconnaissance vocale, traitement de la parole…).
Le TAL, très utilisé à la fois par les professionnels et les particuliers, est très utile aux enseignants. Ainsi, plusieurs applications ont depuis été créées pour leur faciliter leur devoir de transmission. Parmi elles, Acapela permettant de vocaliser plus de 34 langues aidant ainsi à mieux apprendre les langues sans négliger l’aspect phonétique ; ou encore le druide informatique Antidote dont la fonction est de corriger et de reformuler des textes en langue française par exemple.
Et cela va encore plus loin aujourd’hui. L’IA est également sollicitée pour aider à la transmission de langues menacées de disparition. Effectivement, les compétences en termes de documentation et d’apprentissage des langues de l’IA sont désormais mises à contribution, d’autant que 2019 a été déclarée année internationale des langues autochtones. Pour exemple, le chatbot Facebook messenger « Reobot » optimisé par l’IA d’IBM Watson permettant de mener des conversations en anglais et maori (langue officielle de la Nouvelle-Zélande). Reobot s’adapte aux fautes de frappe et d’ortographe et permet à ceux qui le souhaitent d’apprendre le maori de façon ludique et efficace.
Autre exemple : le robot Opie permettant d’enseigner les langues autochtones d’Australie à des enfants vivant dans des contrées isolées. Celui-ci a été créé par une équipe du centre d’excellence ARC pour la dynamique du langage (CoEDL). Ce centre s’est associé à Google pour transcrire et créer des modèles d’IA pour les langues autochtones et ce, via la plateforme d’IA open source Tensor Flow, faisant ainsi économiser aux linguistes des millions d’heures de transcription.